lundi 7 mars 2011

« Du poison dans nos assiettes »... ou dans nos médias ?

Un bien étrange travail de journaliste(s)

Dans son édition du 4 mars 2011, page 31, le Dauphiné Libéré nous propose en avant première une présentation d'un documentaire qui sera diffusé sur Arte le 15 mars prochain. Avant d'aller plus loin, vous pouvez consulter ici cet article, qui est le point de départ de tous les commentaires et réflexions qui vont suivre :


Il s'agit donc du nouveau documentaire de Marie-Monique Robin, intitulé Notre poison quotidien, comment l'industrie chimique empoisonne notre assiette, et qui s'efforce de démontrer, pour aller vite, que nous courrons de grands risques sanitaires en consommant les produits de l'industrie agro-alimentaire et de l'agriculture conventionnelle – sauf à manger « bio », mode de production dont MM Robin est à la fois une adepte et une propagandiste zélée, bien qu'aucune étude scientifique n'ait jamais démontré une vraie supériorité des produits bio sur ce plan.
Une fois de plus, la chaîne culturelle, qui n'a plus d'émission scientifique à son programme, fournira donc une tribune royale à Marie-Monique Robin, à qui elle a déjà offert, en dehors de plusieurs pages sur le site, un nouveau blog spécial :
alors que dans le même temps, l'Express assure de son côté la promotion du livre qui accompagne le film :
[nous ne sommes pas en mesure à l'heure actuelle de dire à nos lecteurs qui assure la diffusion des tee-shirts et des mugs Notre poison quotidien , mais cela ne saurait tarder]


Bref, il semble que le rouleau compresseur médiatique qui avait assuré le succès important de la précédente enquête de Marie-Monique Robin, Le monde selon Monsanto, soit à nouveau en marche, avec toujours le même degré d'unilatéralité et de panurgisme acritique.

[sur Le Monde selon Monsanto, on pourra se reporter au lien suivants :

L'article du DL présente ainsi Marie-Monique Robin :

« celle qui avait raflé de nombreux prix avec “Le monde selon Monsanto”, diffusé en 2008 »
C'est une présentation fondée, c'est vrai. Mais une autre présentation aurait également pu être tout aussi valable, et utile aux lecteurs, à propos d'une réalisatrice qui se spécialise dans le documentaire « scientifique » à sensations fortes :

« celle qui avait fait étalage de sa croyance dans le paranormal avec son documentaire Le Sixième sens. » :

Sans entrer sur le fond de tous les problèmes que ne manquera pas de soulever ce nouveau documentaire, dont nous ne pouvons pour l'instant pas dire grand chose étant donné qu'il n'a pas encore été diffusé, examinons quelques aspects de l'article du Dauphiné Libéré, qui sont caractéristiques de la manière dont se construisent dans le grand public des représentations erronées nourries par un mauvais travail de journaliste.
La première chose qui attire l'œil, c'est une photo, qui se veut sans doute inquiétante, d'une tomate piquée de seringues. Quand on met ce montage artistique en regard du titre, on a donc l'impression que des gens malintentionnés injectent des poisons dans les tomates que nous allons consommer !
La légende de la photo indique : « Selon de nombreux experts en environnement, les mesures concernant les produits chimiques contenus dans les aliments ne sont pas fiables. ». On sait donc maintenant que ce poison quotidien serait constitué de « produits chimiques », dont les mesures ne sont pas fiables, paraît-il. Ce que l'on ne sait pas, c'est... qui sont ces « nombreux experts » et dans quelles revues scientifiques ils ont publié ! On ne le saura d'ailleurs jamais, car l'article ne fournit absolument aucune référence, même pas un simple nom, à défaut du renvoi à une étude précise.

Tout l'article n'est alors qu'une reprise telle quelle des propos de Marie-Monique Robin, sans même avoir pris la peine de s'entretenir avec qui que ce soit d'autre pour avoir - quelle idée saugrenue pour un journaliste ! - un autre point de vue, ni même, nous le verrons, sans avoir fait la moindre vérification. Le Verbe de Marie-Monique est parole d'Evangile, il sera donc diffusé sans remise en cause, parfois avec des guillemets pour indiquer que la journaliste est citée, et parfois pas... mais cela revient à peu près au même, tant le travail de croisement des sources n'a absolument pas été mené.

Nous ne reprendrons pas les quelques éléments avancés dans l'article, même si on peut noter la méthode récurrente consistant à affirmer quelque chose sans s'appuyer sur une source précise :

«Chez les agriculteurs, certains cancers, ainsi que la maladie de Parkinson, sont plus fréquents, selon un médecin. »

« ces mesures sont-elles fiables ? Non, disent des experts en environnement, oui, disent des autorités sanitaires. »

Quel médecin ? Quels experts en environnement ? Quelles autorités sanitaires ?
Tant que l'on ne sait pas qui ils/elles sont, comment commencer à se faire une idée de la crédibilité de ces experts et de leur parole ?
Bref, l'ensemble de ce qui est avancé dans l'article a donc a priori – ce qui ne veut pas dire que tout y est faux – autant de valeur argumentative que la proposition suivante :

« Selon des spécialistes, manger des fraises bio augmente la probabilité de mourir d'un cancer du colon »

Toutefois, il faut préciser que certaines des propositions avancées dans le DL ont une vraie crédibilité a priori et correspondent à des choses établies par la recherche, comme par exemple :
« Chez les agriculteurs, certains cancers, ainsi que la maladie de Parkinson, sont plus fréquents, »

Mais il faut aussi ajouter que si des pesticides chimiques sont indéniablement en cause, ils ne sont pas les seuls et que la roténone, un produit utilisé en agriculture biologique, est elle aussi fortement soupçonnée d'aggraver les risques de Parkinson :
Des soupçons de toxicité importante pèsent aussi sur un autre produit utilisé en agriculture bio, le neem, pour lequel il semble, si on en croit cet article, que les autorités sanitaires de Rhône-Alpes seraient prêtes à fermer les yeux au cas où des agriculteurs bio braveraient une interdiction :


On peut supposer que Marie Monique Robin, toute à sa thèse purement idéologique et sans aucun fondement scientifique selon laquelle « le chimique c'est mauvais, mais le naturel c'est bon », n'évoque pas ce cas en particulier dans son documentaire. Nous verrons bien...

Mais, plus que tout cela, ce qui a attiré notre attention dans l'article du Dauphiné Libéré, c'est sa conclusion, qui nous propose un modèle pour éviter toutes les calamités chimiques qui s'abattent sur nos estomacs :

« À moins de copier le mode de vie de l’état de l’Orisha, en Inde, où l’on ne mange ni aliments transformés ni viande rouge, où l’on consomme ce que l’on produit et où les cancers sont quasi inexistants. »


Un bien étrange état d' « Orisha » en Inde

Intrigués par cet exemple très surprenant, nous avons voulu en savoir plus, et faire ce que les journalistes relais de Marie-Monique Robin ne font manifestement pas : vérifier les informations. Dans Le Monde selon Monsanto, MM Robin se met en scène devant son écran d'ordinateur en disant que toutes les infos nécessaires à son enquête étaient disponible en ligne. Nous avons fait la même chose à propos de ses propres affirmations, et voilà ce que cela donne...

Première étape, simple comme un clic sur une souris : faire une recherche sur Google en entrant « Orisha, Inde ».
Première surprise, et de taille : il n'existe pas d'état d'Orisha en Inde. Voilà qui commence mal...
En effet, si Orisha est par exemple une ville bulgare, l'état indien pourrait être celui d' « Orissa » :

A ce moment de notre enquête , nous avons contacté le Dauphiné Libéré, pour savoir deux choses :
  • si le journaliste – anonyme : l'article n'est pas signé dans l'édition papier, mais crédité « par la rédaction du DL » sur le Net - parle bien de l'état d« Orissa », et s'il a une raison particulière pour utiliser une orthographe retrouvée nulle part ailleurs.
  • d'où le journaliste tire ses informations sur cet état. Ce sont bien les siennes, puisqu'elles ne figurent pas entre guillemets comme correspondant à des propos de MM Robin. A-t-il recopié celle-ci ? A-t-il utilisé d'autres sources ?

Le Dauphiné Libéré a bien voulu nous envoyer une réponse, dont voici l'essentiel :

« Le sujet auquel vous faites référence nous a été fourni par l'Agence France Presse (AFP) à Paris, agence qui fournit l'information à l'ensemble des médias nationaux et internationaux.
Je vous invite à vous adresser directement à eux si vous 
souhaitez leur apporter des précisions dès lors que ce 
sujet a pu être repris et reproduit par beaucoup 
d'autres journaux. »
Autrement dit : cet article est une simple reprise d'une dépêche de l'AFP. Nous avons donc suivi le conseil du DL, et avons envoyés nos questions à l'AFP, même si nous avons cette fois peu d'espoir d'une réponse, l'AFP ne semblant pas avoir de service de communication en dehors de celui qu'elle a à destination des professionnels de l'information. En attente d'un message de l'AFP l'infirmant, voici l'hypothèse que l'on peut avancer à l'heure actuelle : un journaliste de l'AFP a reproduit les arguments de MM Robin sans jamais les vérifier, et en recopiant mal le nom d'un état indien, et les autres organes de presse recopient à leur tour sans vérifier. Voilà comment se propagent mythes et rumeurs, même pas dans le réseau d'information amateur sur Internet, mais directement au sein du monde des médias professionnels, avec comme source initiale la chaîne culturelle !!!!

Pour en avoir le cœur net, nous avons fait ce qu'ont dû faire les petits malins qui ont piégé le ministre allemand auteur d'une thèse composée essentiellement de copiés-collés, et avons googlé un paragraphe de cette dépêche AFP. Outre le DL, celle-ci est retrouvée à seulement deux endroits :

Sur Romandie News [un journal suisse]:

Sur Real Infos, un site qui nous dit, fort à propos, que « la vérité est ailleurs » :

Sauf à considérer le cas de quotidiens papier n'ayant pas d'édition en ligne accessible mais ayant recopié cette dépêche, le DL est donc en fait - et c'est heureux ! - un peu seul à avoir repris cette médiocre dépêche.

Par ailleurs, à la recherche de ce mystérieux état d'Orisha - ou plutôt : Orissa - nous avons retrouvé sa trace... sur le site d'Arte, qui promeut le documentaire Notre poison quotidien à l'aide de quelques vidéos extraites du film (ce qui nous conduit à penser que les journalistes n'ont fait que relayer la communication d'Arte sur son produit, sans rien vérifier, pas même leur orthographe).

Voir (absolument) sur cette page la quatrième vidéo, intitulée « Le cas de l'Inde »[qui sera commentée ensuite] :



Une bien étrange vision de l'état d'Orissa

Voici donc l'origine de la rumeur, qui est la manière dont Marie Monique Robin elle-même évoque ce petit coin de paradis dans son film. On ne discutera pas ici les jugements ridiculement outranciers/partiaux/fantasmagoriques/grotesques portés par l'auteure sur la révolution agricole et ses effets dans les pays occidentaux, pour se concentrer sur sa vision du cas de l'Inde, que nous allons retranscrire mot à mot, pour plus de clarté :

Après avoir évoqué ce qu'elle nomme « l'épidémie de maladies chroniques dues à la pollution » en Occident, elle nous affirme que les pays du Sud sont eux, heureusement, « pour l'instant épargnés », car ils n'ont pas encore adopté « notre mode de vie et d'alimentation ». Arrive alors l'exemple de l'Inde : « D'après le CIRC, l'incidence des 20 cancers les plus courants en Occident y est 10 à 30 fois inférieure. »

=> L'incidence d'une maladie est le nombre de nouveaux cas de cette maladie observés pendant une période et pour une population déterminée. On peut discuter de l'impact des facteurs environnementaux dans le déclenchement des cancers – en gardant en tête que le tabac et l'alcool sont les deux facteurs non génétiques parmi les plus solidement établis -, mais il est certain que la progression du nombre de cancers diagnostiqués dans un pays comme la France s'explique largement à l'aide de deux considérations logiques :
  • ils sont de mieux en mieux et de plus en plus souvent diagnostiqués du fait des campagnes de dépistage. Est-ce le cas dans un pays aux structures médicales moins développées, comme l'Inde ?
  • Le nombre de cancers, qui est une maladie qui bien souvent vient avec l'âge, augmente mécaniquement du fait de l'augmentation de l'espérance de vie. Autrement dit, en France, où malgré l'empoisonnement quotidien dont nous serions victimes dans l'imaginaire de MM Robin, l'espérance de vie a atteint les chiffres de 78,1 ans pour les hommes et de 84,8 pour les femmes, il y a forcément beaucoup de nouveaux cancers chaque année ! Et il est logique que les indiens, qui meurent eux en moyenne près de 20 ans plus tôt (60,1 ans pour les hommes et 62 ans pour les femmes) aient proportionnellement moins de cancers que les français : il ont moins le temps de développer un cancer, parce qu'il sont souvent morts avant de pouvoir le faire ! Considérer cela comme un avantage relatif des indiens par rapport aux français est une façon de voir les choses particulièrement étrange et incohérente.
Les deux points que nous venons de soulever sont particulièrement vrais pour l'état d'Orissa, où un certain nombre de gens sont emportés par cette maladie de la pauvreté qu'est le choléra (164 victimes pour Orissa en deux semaines en août 2007), avant donc d'avoir eu le temps de développer un cancer de riches. Là-bas, on meurt sans doute beaucoup de plein de choses différentes, mais sans que beaucoup de cancers ne soient diagnostiqués, notamment dans une zone de l'état où «"Pour une population totale de près de 150 000 habitants (dans les deux districts de Rayagada et Koraput), il n'y a que trois médecins gouvernementaux, soit un docteur pour 50 000 personnes".
[source :

Revenons au commentaire de Marie-Monique Robin :
« Dans l'état de l'Orissa [elle prononce « Orisha », d'où l'erreur du journaliste de l'AFP], au sud-est du pays, les cancers sont quasi inexistants, à l'exception de celui de la bouche, dû à la mastication du tabac. Dans cette région très rurale, on ignore la pollution chimique, »
=> On y ignore la pollution chimique ? Voilà qui est très étonnant, lorsque l'on sait qu'il existe dans cette région selon l'ONG « Blacksmith Institute » et la fondation Suisse « Green Cross » l'un des 10 sites les plus pollués au monde. Il s'agit d'une mine de chrome situé à Sukinda, où près de 2 600 000 personnes seraient potentiellement affectées par les conséquences de la pollution par le chrome et par les différents traitements chimiques.
Si l'on se reporte par exemple à ce document :
www.wseas.us/e-library/conferences/2010/Bucharest/EEETE/EEETE-18.pdf
dès la deuxième ligne, on apprend que l'état d'Orissa concentre 95% des réserves de chrome de l'Inde et que l'exploitation de celui-ci provoque de nombreux troubles chez les travailleurs, dont le cancer du poumon.
Nous pourrions aussi regarder du côté des exploitations minières d'aluminium et de bauxite de Vedanda et de ses rejets polluants, pour mesurer à quel point Orissa « ignore la pollution chimique » :

On peut aussi consulter ce document de l'organisme de contrôle de la pollution dans l'état d'Orissa et se demander pourquoi celui-ci perd son temps à surveiller toutes les industries qui sont listées dans ce tableau (fer, acier, engrais chimiques, aluminium, charbon, coke, etc.), si « dans cette région très rurale, on ignore la pollution chimique » :


Voici encore Orissa dépeint par MM Robin :
« et on mange ce que l'on produit, à savoir essentiellement des fruits et légumes cultivés sans pesticides.»

=> Ce genre de commentaire doit fasciner un certain public « bobo » adepte de la relocalisation forcenée et du végétarisme choisi, mais ce qui est décrit là est juste ce que l'on appelle l'agriculture d'autosubsistance, « bio » par obligation, c'est à dire par manque de moyens pour se procurer les intrants nécessaires à de meilleurs rendements. C'est précisément celle que pratiquent les paysans pauvres qui constituent la majorité des 925 millions de personne sous-alimentées sur la planète. Présenter le sous-développement et ses conséquences humaines dramatiques comme le nec plus ultra de la modernité est manifestement devenu une mode occidentale des plus écœurantes.
Si l'on s'attarde sur les images qui illustrent ces commentaires, on constate que les gens travaillent à la main, que les femmes portent les ballots de paille à bout de bras, que les outils, extrêmement rudimentaires, sont en bois, etc. Oui mais, avec les jolis sourires des enfants, les jolies images de paysages et la jolie musique exotique et apaisante qui enrobe tout cela, on ne ressent pas bien la peine des travailleurs de la terre, dont on peut en fait raisonnablement penser qu'ils doivent être cassés par l'effort au bout de peu d'années. Mais, bien calé dans son fauteuil devant sa télé, le téléspectateur occidental bien nourri s'émerveillera de tant de pureté et de simplicité... au lieu de compatir à la dureté du labeur manuel - dont nos paysans d'ici se sont en grande partie affranchis avec la révolution agricole honnie par MM Robin.
Par contre, si les paysans d'Orissa bénéficient peu des progrès dans les rendements permis par les intrants chimiques (engrais, pesticides...), les habitants de ce que la réalisatrice décrit comme un petit paradis préservé de la pollution peuvent très bien souffrir des conséquences d'une production dans l'Etat lui-même de certains engrais chimiques, et ce dans les conditions qui sont celles de zones pauvres aux normes et aux contrôles sanitaires très déficients. C'est ce qui serait arrivé pour les habitants de la ville portuaire de Paradeep en 1999 :
Par ailleurs, dans l'état d Orissa, à défaut de pesticides – ce qui resterait à vérifier -, on utilise des engrais chimiques à raison de 53 kg par hectare en 2008 :
Il est vrai que c'est deux fois moins que la moyenne nationale du pays (100 kg/ ha), mais cela explique sans doute le fait que les rendements y sont à peu près systématiquement inférieurs à la moyenne du pays, ce qui a peut-être, allez savoir, un rapport avec le fait que le manque de nourriture y est plus important qu'ailleurs :



La réalisatrice nous vante ensuite les mérites du curcuma, en nous disant que « Connus depuis la nuit des temps, ces pouvoirs anti-inflammatoires et donc anti-cancérigènes ont été confirmés dans plus de 3000 études scientifiques. »

=> On veut bien admettre que le curcuma ait des vertus (et sans doute aussi une contrepartie moins bénéfique... comme tous les aliments !), et on ne prendra pas la peine de vérifier les 3 000 études évoquées ici. On posera simplement deux séries de questions :
  • Où l'auteure veut-elle en venir ? Marie-Monique Robin propose-t-elle sérieusement de lutter contre le cancer à l'aide du curcuma ? A quelles doses quotidiennes serions-nous selon elle correctement protégés ? Le curcuma a t-il aussi une valeur réparatrice et saura-t-il remplacer les chimiothérapies ? Est-ce un prix Nobel de médecine qui est ici en gestation ?
  • Comment peut-on connaître depuis la nuit des temps les vertus anti-inflammatoires et les vertus anticancérigènes de quelque chose, alors que les causes réelles des maladies ne commencent à être connues que depuis le XVIIIe siècle (on parlait jusque là plus volontiers de « punition divine » ou d' »humeurs » et d' »énergies » mal ajustées, plutôt que d'' « inflammation » - même si des cancers ont déjà été décrits chez les égyptiens du IVe millénaire avant JC ...ce qui est encore différent de « la nuit des temps ») ?



Enfin, à 2.14 dans cette vidéo, Marie-Monique Robin ose l'impensable, et demande à un vieil habitant : « Est ce qu'il y a des personnes obèses dans votre village ? » ; et, en voyant le neveu présenté comme la personne la plus grosse du village, elle s'extasie : « Mais il n'est pas obèse ! »

Pour mesurer le caractère parfaitement indécent de cet extrait et en particulier de cette question au vieil homme, penchons-nous un peu plus sur cet état d'Orissa tant vanté par la réalisatrice et par ceux qui l'ont servilement recopiée :

En fait, on nous propose de copier le mode de vie d'un des état les plus pauvres de l'Inde !
Profil général : Le secteur industriel représente 30% du PIB de l'état d'Orissa, celui des service 47% et le reste, 23%, c'est le secteur agricole.
D'après le site de la Direction Générale du Trésor :
cet état de 37 million d'habitants sur 155 707 km2 représente 4% de la population de l'Inde et ne contribue qu'à hauteur de 3% au revenu national. 46% de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. L'indice de développement humain était de 0,41 en 2001 ( IDH de l'Inde en 2001 0,59 et en 2007 0,612, 134ième rang, IDH de la France en 2007 0,961 8ième rang mondial)... La mortalité infantile était de 75 pour 1000 en 2006 dans l'état (en France, d'après l'INSEE, elle est de 3,6 pour 1000 en 2010). Et seule 5% de la population rurale a accès à l'eau potable... voilà qui donne envie de changer de vie, non ?

L'absence d'eau potable fait par exemple qu'en 2009, peut être pendant que MM Robin tournait ses jolies images sur lesquelles elle allait incruster une jolie musique, dans cet état entre 26 et 38 personnes seraient mortes d'une simple diarrhée - pas un cancer, donc -, selon un recensement d'août 2009 :


Puisque nous parlons agriculture et alimentation dans l'état d'Orissa, passons par ce lien en français intitulé « L'insécurité alimentaire et la vulnérabilité dans l'état indien d'Orissa » :
http://www.fivims.org/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=48&Itemid=93&lang=fr






pour lire l'étude (en anglais) évoquée par ce qui semble être un organisme de cartographie travaillant avec la FAO sur la question de la sécurité alimentaire. Que nous apprend ce document, pour l'année 2007, à propos de cet état rural d'Orissa que MM Robin et ses épigones nous présentent comme un modèle à suivre ?
  • 9% de la population de l'état est considérée en situation d'insécurité alimentaire extrême (moins de 1 800 kcal par jour)
  • page 7 : « 47% des habitants sont pauvres. La pauvreté est très majoritairement un phénomène rural et est clairement liée à une faible productivité du sol, à un manque de diversification de l'économie agricole (avant tout rizicole) et aux revenus agricoles les plus faibles du pays. Alors que l'état, y compris certains des districts les plus pauvres, est virtuellement autosuffisant en céréales nourricières, il y a une part significative d'insécurité alimentaire chronique associée à des zones et à des groupes de la population particuliers » [trad. : YK]
  • Environ la moitié des enfants entre 1 et 5 ans ont des problèmes de croissance et sont « rabougris »
  • Environ la moitié des femmes adultes et les trois quarts des enfants de moins de 3 ans sont victimes de sous-nutrition.
  • Le taux de mortalité infantile d'Orissa est le plus élevé de l'Inde.
Un dernier aspect sur lequel nous voudrions attirer l'attention est le caractère parfaitement monolithique de la vision de l'état d'Orissa proposée par MM Robin et ses épigones. A Orissa, il n'y aurait que des habitants indifférenciés regroupés en bloc dans un « on » totalisant. A Orissa, « on » vivrait comme ceci ou comme cela, comme si à Orissa, il n'existait aucune inégalité régionale, de classe ou de genre, comme si les castes y avaient entièrement disparu, pour se fondre miraculeusement dans un « on » apaisé, dans un grand tout au sein duquel tout le monde vit de la même manière et mange la même chose. Bien évidemment, cette vision lénifiante est parfaitement erronée :
Les zones rurales qu'affectionne Marie-Monique Robin sont celles où la vie semble être la plus difficile. En 1999, le taux de mortalité infantile était de 65 pour mille dans le zones urbaines de l'état d'Orissa, mais de 100 pour mille dans les zones rurales !
http://www.orissa.gov.in/health_portal/plans/hpolicy.html
Rappelons peut-être que ce chiffre signifie qu'un enfant sur 10 y mourrait avant même d'atteindre son premier anniversaire ! Ceux-là n'auront effectivement pas eu le temps de souffrir d'un cancer...
Dans le même document du « Ministère de la santé » d'Orissa, on constate un phénomène étrange : pour la période 1996-2001, l'espérance de vie des hommes était de 58,5 ans et celle des femmes de 58,1 ans. Voilà qui est contraire aux données démographiques habituelles, notamment dans les pays « développés », où l'espérance de vie des femmes est significativement supérieure à celle des hommes (plus de 6 ans de différence en faveur des femmes en France aujourd'hui). Est-il mesquin d'y voir le signe probable d'une oppression spécifique des femmes particulièrement violente, celles-ci ayant, à l'intérieur de ce grand « on » d'Orissa, certainement moins accès aux soins et à la nourriture que les hommes (notamment lorsqu'elles sont en bas âge, la surmortalité des bébés de sexe féminin mal nourris étant un classique des zones dans lesquelles les structures sociales valorisent outrageusement les hommes, notamment au moment du mariage) ? En tous cas, cette hypothèse est confirmée par cet article (en français)
http://www.un.org/wcm/content/site/chronicle/cache/bypass/lang/fr/home/archive/Issues2009/healthliteracyandsustainabledevelopment?ctnscroll_articleContainerList=1_0&ctnlistpagination_articleContainerList=true
qui nous dit :
«Dans l’État d’Orissa, les femmes connaissent une situation socio-économique défavorable, des taux d’alphabétisation bas, une incidence élevée des mariages précoces et un taux de mortalité de 358 (beaucoup plus élevé que la moyenne nationale de 301). Un facteur qui contribue à cette dure réalité est l’incidence d’anémie élevée chez les femmes enceintes. Les études indiquent aussi que plus de 53 % des femmes vivant dans l’État d’Orissa n’ont aucune responsabilité sur les décisions qui concernent leur propre santé. »
Il semble que si le curcuma protège du cancer, ses effets sur l'anémie sont finalement peu favorables. Contrairement d'ailleurs à ceux de la viande rouge, qui n'est pas consommée par les habitants d' « Orisha » selon l'article de l'AFP. Sauf que celui-ci avait l'air d'y voir une vertu ou une forme de sagesse !
Enfin, il nous paraît superflu de démontrer que le grand « On » d'Orissa est certainement stratifiée selon des logiques de classe, et peut-être pire, de castes, et que les conditions de vie et d'alimentation des pauvres de l'état sont très différentes de celle des riches. En cherchant bien, Marie Monique Robin aurait probablement pu trouver parmi les riches quelques personnes obèses, tant il est vrai qu'à l'heure actuelle, dans le monde, cette obésité qui est au cœur de son reportage est largement un phénomène qui affecte les (nombreux) pauvres dans les pays riches, et les (beaucoup moins nombreux) riches dans les pays pauvres.




A ce stade de notre développement, et avant de conclure, le lecteur pourra peut-être retourner au lien donnant accès à la vidéo proposée sur le site d'Arte et revoir la manière dont Marie-Monique Robin, en miroir inversé des périls qui nous guettent, nous vante les mérites de la vie et de l'alimentation des habitants d'Orissa, allant jusqu'à oser demander à un habitant s'il y a des personnes obèses dans son village. Cette méthode d''enquête est scientifiquement ridicule, mais elle est aussi et surtout moralement détestable, car, effectivement, il y a généralement peu de personnes obèses dans des zones où certains sont encore victimes de sous-alimentation !



Conclusion : une bien étrange éthique

Nous pensons donc avoir démontré que :

  1. Lorsqu'une « enquêtrice » aussi chargée d'idéologie que Marie-Monique Robin se rend dans une zone comme Orissa pour un film sur les questions d'alimentation, elle est victime du même syndrome que ces intellectuels qui dans les années 1930 revenaient émerveillés de leur séjour en URSS : comme eux, elle ne croit pas ce qu'elle voit, mais elle a en fait vu ce qu'elle croyait avant de partir. En 1933, Edouard Herriot s'est rendu en Ukraine pour une enquête au cours de laquelle il ne vit que des gens bien nourris, alors que la famine frappait la région. Aujourd'hui, entraînée par son idéologie néorousseauiste selon laquelle les pauvres qui habitent loin sont tellement plus heureux que nous, une occidentale bien nourrie et bien soignée comme MM Robin peut en arriver à s'extasier de l'absence d'obésité dans un état où existent des zones de sous-nutrition, et du faible nombre de cancers (selon elle) à un endroit où l'on peut encore mourir d'une simple diarrhée. Sa démarche rappelle celle de ces hippys qui allaient dans les années 60 et 70 en Inde et au Népal pour y trouver la sagesse et la sérénité, et qui n'y voyaient ni la misère, ni le sexisme, ni toutes les formes d'oppression sociales extrêmement violentes liées au système hindouiste des castes. Quelques décennies plus tard, c'est le même type d'aveuglement qui prévaut chez MM Robin. Nous ne pensons par que celle-ci triche ou mente délibérément, mais plutôt qu'elle propose une vision du réel qui est complètement déformée par ses propres préjugés, que ses enquêtes se contentent de nourrir par tri sélectif probablement inconscient.
  2. L'idée absurde selon laquelle le naturel serait forcément bon et le chimique forcément mauvais est à ce point répandue en France que la chaîne dite « culturelle » peut sans problème tracer un pont d'or à un documentaire proposant une réflexion aussi caricaturale, fondée sur une documentation aussi biaisée – au moins pour la partie que nous venons d'étudier. Et les journalistes, comme ceux de l'AFP ou ceux qui ont repris sa dépêche, peuvent ensuite diffuser sans aucune vérification les parti-pris grotesques ou indécents du reportage, qui nourrit alors dans le grand public des représentations parfaitement erronées, mais qui ont l'impression de s'appuyer sur un consensus à partir de démonstrations faites par des médias différents. En réalité, il n'en est rien, et il n'y a eu que recopiages successifs du point de vue biaisé initial, par des journalistes paresseux, trop pressés, ou simplement incompétents.

Yann Kindo et Olivier Grosos


PS : Conflits d'intérêts [pour couper court aux réponses/insinuations habituelles de Marie-Monique Robin]: les auteurs de ce billet affirment avoir rédigé celui-ci bénévolement sur leur temps libre et n'être financés par aucune industrie. Ils affirment n'avoir aucun lien ni avec Monsanto, ni avec la CIA, ni avec le défunt KGB. Oui, ils connaissent des gens en grave surpoids dans leur village, et eux-mêmes, à l'approche de la quarantaine, commencent à avoir un peu d'embonpoint, mais tellement peu que ce n'est pas la peine d'en parler.


22 commentaires:

  1. Excellent article ! Je n'avais pas encore vu cette vidéo des aventures de MMR en Inde. Je savais les méthodes de MMR détestables mais là elle atteint des sommets dans l'indécence.

    MMR nous conseille donc de prendre du curcuma pour nous "protéger" du cancer. Je me suis donc amusé à faire une petite recherche toute simple sur google avec les mot-clés "ADI curcuma". (ADI=DJA en anglais).... mince, le 4ème hit est un article qui teste la toxicité du curcumin, la molécule active du curcuma, sur le rat:
    http://www.natcol.org/images/Ganiger%20et%20al%202006.pdf

    Et là que vois-je ? Les auteurs définissent une DJA située entre 0 et 3mg/kg de poids corporel.
    MMR nous dit pourtant à propos de la DJA:
    "En termes clairs : c’est la quantité de poison que nous sommes censés pouvoir ingérer quotidiennement, car si ladite substance n’était pas un poison, il n’y aurait pas besoin d’inventer une DJA!"
    http://robin.blog.arte.tv/2011/01/07/notre-poison-quotidien-pourquoi-ce-titre/

    Si l'on s'en tient à la définition purement robinienne, le curnumin est un poison ! Pire, deux minutes de recherches supplémentaires fournissent un article montrant que le curcumin tue carrément les embryons de zebrafish à faible dose!
    http://www.jstage.jst.go.jp/article/bpb/30/7/1336/_pdf

    Si j'étais "anti-curcumin" comme certains sont anti-OGM ou anti-pesticides il ne m'en faudrait pas plus pour demander de bannir à tout jamais l'usage de ce produit maléfique !

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  2. Très bon article et très bien documenté. Dommage que la mise en page et le thème de fond ne donnent pas envie de lire et même nuisent à la véracité des arguments. En effet on se croirait sur un vieux site sur l'astrologie avec une mise en page de 1998. Un thème plus «clair», plus «web 2.0» (il y en a des bons dans les choix de Blogger) rassurerait les lecteurs qui jugent un page web en moins de 10 sec uniquement sur son aspect.

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  3. Bonsoir,

    (Je ne suis qu'un simple internaute à qui on a envoyé un lien à propos des docu et livre en question de MMR et voilà où je me retrouve, hehe!)

    Merci pour cette analyse très intéressante qui à de quoi inquiéter quant à la programmation d'arte..

    Une mini-critique/conseil (si je puis me permettre) néanmoins: trop de sarcasme tue le sarcasme d'une part et diminue le sérieux journalistique (que vous prônez et) dont vous faites par ailleurs très largement preuve! C'est tout et ce n'est que mon avis, cela va sans dire!

    Sinon super, je renvoie tout de suite la balle à ceux qui m'ont fait suivre cette info!

    Merci encore!

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  4. Très bien, il est nécessaire de vérifier, d'authentifier et de préciser ses références, c'est indéniable. L'absence de ces élèments, si elle fragilise la démonstration n'entraîne pas automatiquement une analyse erronnée et de fausses conclusions. Il y a dans Télérama un article intéressant à ce propos. Je reste inquiet quant au contenu de mon assiette et à la qualité, voire dangerosité de ce que je consomme : antibiotique viande, pesticides, aspartam et autres.

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  5. Je suis parfaitement d'accord avec ce qui est dit. Chez moi au Sénégal nombre de personnes meurent sans que personne ne sache de quoi, pour le savoir il faudrait faire des analyses qui coûtent rapidement le revenus annuel d'une grande partie de la population. je reconnais cette attitude mielleuse-abrutie-hypocrite chez de nombreux touristes et suppots d'ONG qui s'extasie sur une vie "proche de la nature" et pas "polluée par la terrible vie que nous vivons en occident" en regardant une femme qui pile le mil au mortier. Et je vous prie de le croire c'est un travail de galérien(ne)répété 365 jours/an.

    cuisine d'afrique

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  6. Je ne suis qu'un internaute "bobo" parmi tant d'autre qui ne cherche qu'à s'informer et je ne suis ni scientifique, ni agriculteur, ni politicien d'ailleurs, je ne travaille ni pour MMR, ni pour les lobbies de l'agro-alimentaire, et je suis (hélàs) en surpoids, mais qui est surtout dût à un mode de vie sédentaire et une mauvaise hygiène alimentaire pendant bien trop longtemps.

    Je ne jugerai pas le film de MMR que je n'ai bien évidemment pas vu, mais je ne doute pas que le travail de journaliste aujourd'hui ne soit pas forcément objectif... tout comme ne pourrait l'être non plus celui de bloggeur d'ailleurs.

    Il est évident que l'on ne peut pas prendre pour modèle la famine du tiers monde, mais il est évident que les pesticides, OGM et autre produits chimiques peuvent être malsain. Tout comme une agriculture "dite naturelle" pourrait également l'être dans certains cas.

    Il y a donc une différence entre faire une agriculture responsable et devoir piler le mil au mortier comme le dit Mary. Faire une agriculture responsable n'est pas non plus mettre une étiquette bio pour pouvoir vendre 2 fois plus cher des produits.

    Suite à des problèmes médicaux et un séjour de plusieurs années aux USA (ou l'obésité n'est vraiment pas un mythe là-bas), je m'inquiète à présent de plus en plus à ce qu'il peut y avoir dans mon assiette au quotidien, notamment pour tout ce qui ne pourrait pas venir de ma propre culture. Et je dois avouer que plus j'avance dans mes recherches, plus je me retourne vers les cultures locales, responsables, naturelles...

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  7. Vous commencez par "Sans entrer sur le fond de tous les problèmes que ne manquera pas de soulever ce nouveau documentaire, dont nous ne pouvons pour l'instant pas dire grand chose étant donné qu'il n'a pas encore été diffusé," !!!!!
    Et bien ne dite rien alors...! Car il faut être un peu primaire pour penser que l'article du Dauphiné soit une enquête de fond, il s'agit bien là de la présentation du doc qui passera ce soir et l'article ne fait que reprendre les arguments du doc. Alors les réponses à vos questions essayez de voir si elle sont ou non dans le doc ! Vous dénigrez vraiment pour le plaisir de dénigrez ! J'imagine que vous êtes pour le nucléaire, l'agriculture et la pêche intensive et tutti quanti... Je ne vous dis pas bravo...

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  8. Merci pour votre analyse. On peut ne pas être fana des produits phytos mais reconnaître tout de même les bienfaits qu'ils nous ont apportés : plus d'ergot du seigle désormais alors qu'avant, des villages entiers en mourraient ! Plus de toxine T2 non plus, moins d'ochratoxine A ou de toutes ces mycotoxines extrêmement toxiques, cancérigènes voire mortelles.

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  9. Bonjour,
    Je trouve vos commentaires intéressants car ils prouvent que contrairement à MM ROBIN vous avez poussé les recherches très loin. Cependant, en tant que fille et petite-fille d'agriculteurs, je ne peux me départir des réflexions que les nouvelles méthodes agricoles inspiraient à mon grand-père dans les années 60. En effet, celui-ci, certes se basant sur son expérience et le savoir transmis par son père, ne cessait de me répéter combien l'usage de tous ces produits censés l'aider à produire plus étaient contre nature et à terme contre-productifs.Il regrettait l'aveuglement de nos gouvernants et l'asservissement des paysans qui en découlait. On a ruiné une bonne partie des agriculteurs qui, avec la complicité du Crédit Agricole, ont été sacrifiés sur l'autel de la productivité. Mes parents, pour ne parler que d'eux, ont "trimé" toute leur vie pour satisfaire les injonctions des techniciens de la Chambre d'Agriculture qui les incitaient à toujours plus produire et donc à plus investir. Sans vouloir retourner à une agriculture du passé, je pense que l'on pourrait s'en inspirer afin de trouver un modèle plus raisonné de la production agricole dans le monde.En tous les cas, je regarderai peut-être le documentaire ce soir avec un peu plus d'impartialité grâce à vous.

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  10. Et si on en parlait APRES l'avoir vu ce docu ?

    En attendant, je remarque qu'il est difficile de critiquer le traitement d'un sujet sans donner l'impression qu'on balaye le sujet lui même.

    J'aurais apprécié déceler votre propre motivation pour le vrai sujet, qui interpelle certains d'entre nous : La dissémination des chimiques en l'absence de contrôles conséquents, d'études cliniques sérieuses et de mesures coercitives n'est elle pas une dérive en termes de santé publique voire de démocratie ?

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  11. Très intéressant et très bien documenté l'intervention de MM Robin en ce moment sur France Inter ou à podcaster "la tête au carré du 15 mars comme quoi elle ne dit pas franchement n'importe quoi...

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  12. Quelle volonté de démontage du travail toujours subjectif, parfois dans l'erreur (qui est humaine), mais en vous lisant j'ai eu surtout eu une sensation de diffamation...Auriez vous des actifs à protéger? Vous prétendez qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain...Toujours exclusifs dans vos approches, vous ne pouvez nier l'évidence. Si il y a eu des apports bénéfiques à l'agro-alimentaire, omettre la portée des faits exposés dans le docu est en mon sens suspicieux

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  13. @josiane

    « à toujours plus produire et donc à plus investir.»

    C'est le drame de l'agriculture. Les économies d'échelles faites en s'agrandissant ne sont bénéfiques que si l'agriculteur est un gestionnaire efficace tout en étant un technicien sérieux (et bien conseillé). C'est loin d'être facile et cela explique le niveau d'endettement et la durée des emprunts.


    «trouver un modèle plus raisonné de la production agricole dans le monde»

    C'est ce que font les chercheurs et les agronomes partout sur la terre. La revue de l'American society of agronony titrait en fevrier: « Sustainability:
    Learning the lessons of past civilizations ». Évidemment MMR ne parle pas de ce genre d'actualité qui va à l'encontre de la thèse de son documentaire et préfère nous proposer comme alternative une agriculture de subsistance bien miséreuse.

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  14. Après relecture de ce post, je le trouve tout aussi infondé ou incomplet que pourrait l'être le documentaire en question.

    Avec un peu de recherche, vous auriez trouvé que Orissa, s'appelait auparavant Odisha. Et qu'il est probable que les prononciations puissent être différentes (Après tout, Pékin s'appelle Beijing, et le nom de la chanteuse ASA se prononce Acha).

    M'étant rendu moi-même compte de cela, sans avoir recherché plus que cela, et sachant que c'est le premier point de votre démarche, je me permets sérieusement de douter du reste de la démarche.

    S'il parait évident que le documentaire de MMR n'est pas objectif, il parait de même que votre article non plus.

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  15. Edifiant !!! Ce doc est tout le contraire de vos prévisions ! Parfaitement documenté, enquête au long court, Bravo MM ROBIN !!! Et moi je ne perd plus mon temps sur votre blog bidon... Ciao !

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  16. J'ai trouvé le doc moyen, partial, mais ce n'est que de la télé finalement, rien de bien étonnant.
    Il pointe (mais de manière inaboutie car trop simplement accusatrice, or c'est un peu simple) la manière dont industrie et labos sont imbriqués, co-dépendants. Bon, les indiens et le cancer, je ne sais pas trop quoi en penser, je prends ça comme une défense un peu maladroite des aliments "sains". En fait pour faire un doc de ce genre, même avec un parti pris (et pourquoi pas ?), il faudrait un conseil scientifique sérieux finalement.
    Une chose que je n'ai pas du tout apprécié, ce sont les plans sur des documents d'expertise qui défilent esthétiquement... On ne peut pas lire, ça ne dit rien, c'est là pour meubler visuellement.

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  17. Certes, le film défends ses idées (comme n'importe qui le ferait à sa place, dont vous, ce me semble...) A lire votre premier commentaire qui m'a renvoyé ici, une question m'est immédiatement venue à l'esprit : "Vous avez des actions chez Monsanto????". Cherchez l'erreur... A tchao

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  18. Humm, vous rejoignez les paroles pleines de bon sens de mon professeur d'histoire moderne : "en 1788 tout le monde mangeait bio, seul problème,il n'y en avait pas assez pour tout le monde..."
    J'ai fait suivre le lien vers votre page salutaire à mes connaissances.

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  19. Tout comme les "scientifiques" de nos organisations de protection sanitaire, lorsque l'on s'attaque aux détails de la méthodologie, c'est peut-être que l'on ne peut rien contre le fond même de l'hypothèse soulevée...et le reportage ne soulève pas moins que cette propension généralisée de nos "protecteurs" à l'empirisme le plus absolu.
    Tout ça au nom de notre sécurité alimentaire... mais surtout dans le fond au bénéfice d'une industrie qui tire le plus grand profit de notre empoisonnement "raisonné" à court terme. Qu'en sera-t-il véritablement dans 30 ans ?

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  20. "Ils affirment n'avoir aucun lien ni avec Monsanto, ni avec la CIA, ni avec le défunt KGB. Oui, ils connaissent des gens en grave surpoids dans leur village, et eux-mêmes, à l'approche de la quarantaine, commencent à avoir un peu d'embonpoint, mais tellement peu que ce n'est pas la peine d'en parler. " vous devriez plutôt viser une carrière de comique!!!parce que pour le reste "you sucks!!"

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  21. http://www.youtube.com/watch?v=vzMhB1fgWew
    Écoutez donc un vrai scientifique et réfléchissez un peu à la vie de nos maraichers français, bio ou pas bio, le peu qui en reste et leur quotidien, leur niveau de rémunération et ensuite, répondez à la question de comment on va nourrir sainement et localement si ce n'est que les 12 millions d'habitants d'ile de france... Là où il n'y plus guère que 200 maraichers... Bref, si vous pensez sérieusement que c'est en aspergeant la terre d'intrants à 2000km de là et en important tout (logique de productivisme) que vous allez y arriver, allez chercher l'aide d'un bon psy !
    Si vous voulez vraiment détruire des mythes proférées par certains scientifiques allez lire "the fatal harvest - the tragedy of industrial agriculture" http://ukiahcommunityblog.wordpress.com/2009/03/17/fatal-harvest-the-tragedy-of-industrial-agriculture/ - sauf que je suppose que vous êtes franco-centrique, donc vous essayez plutôt "Pesticides - révélations sur un scandale français" - http://www.pesticides-lelivre.com/

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  22. L'espérance de vie en Inde est d'environ 67 ans et celle aux USA de 78 ans, en France et au Canada de 81 ans. Pour certains cancer on peut se demander si les Indous vivent assez vieux pour en développer un...

    Il appert que Marie-Monique Robin a un parti prix indéniable pour les thèses qu'elle défend, mais la science est basée sur des faits et des consensus scientifiques établis. Marie-Monique Robin du haut de ses oeillères essaie de faire avancer les thèses de quelques dissidents qui ne font pas consensus, mais qui font immanquablement avancer ses idées préconçues sur le sujet.

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